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Löw : « La Coupe des confédérations est une étape importante »

Question : Allez-vous participer aux discours de Reinhard Grindel ?

Löw : Ce n’est pas prévu. Nous avons un programme sportif très serré et la compétition va passer vite. Notre président est d’ailleurs bien plus capable que moi dans ce genre d’exercices et notre manager Oliver Bierhoff est en échange constant avec lui sur le sujet. Mais je pense que l’équipe et la délégation ont un rôle à jouer. Nous voulons montrer les valeurs de notre équipe : l’Allemagne est une équipe qui prône la tolérance et l’ouverture d’esprit et qui se rend avec joie dans n’importe quel pays dans l’idée de comprendre la culture et la mentalité de ses habitants. Nous nous ouvrons à eux. C’est important pour moi.

Question : Est-ce que votre joie est aussi grande qu’en 2016 à l’approche du tournoi, malgré les critiques dirigées à l’encontre de la FIFA et de la Russie ?

Löw : Oui, je me réjouis autant que pour les autres compétitions. Je suis curieux vis-à-vis de la Russie, car j’y ai toujours été très bien accueilli jusqu’à présent. On sent que les Russes traitent les Allemands avec beaucoup de respect. Quand le tournoi débutera, nous n’oublierons pas tout le reste mais nous serons tout de même principalement concentrés sur notre football, sur l’équipe, sur le tournoi et sur nos adversaires. Les jeunes travaillent très dur pour remporter des trophées et sont complètement focalisés sur cet objectif. Il y avait déjà des discussions en Afrique du Sud et au Brésil où des millions de gens avaient manifesté dans les rues un an avant la Coupe du monde. C’est quelque chose que nous avons bien pris en compte et nous avons dû composer avec.

Question : Quel rôle joue la Coupe des confédérations selon vous ?

Löw : Je sais par ma propre expérience que la Coupe des confédérations sert dans un premier temps de préparation test au pays hôte. En 2005, elle a provoqué énormément de choses chez nous, y compris au niveau de l’esprit d’équipe. La Russie est très contente d’accueillir la compétition et la prend très au sérieux. En tant qu’entraineur, je me dois aussi de faire une évaluation : quelle est la contribution des joueurs que je convoque depuis déjà 8 ou 9 ans ? Comment vont-ils faire face à une telle compétition ?

Question : Et donc ?

Löw : Je sais ce que ça veut dire d’être ensemble pendant 7 ou 8 semaines après une dure saison de championnat, comme en 2014 ou en 2016. C’est une charge physique et émotionnelle très importante. Les joueurs reviennent plus tard à l’entraînement et le quotidien du championnat reprend deux ou trois semaines plus tard pour eux. Par conséquent, il y a toujours certains d’entre eux qui se blessent car ils sont ne pas en forme à 100 % et ils doivent traîner cela toute la saison, en perdant toujours un peu plus la forme. Trois compétitions en trois ans, je pense que c’est la limite.

Question : Est-ce que vous vous inquiétez pour des joueurs comme Mario Götze ou Jérôme Boateng ?

Löw : C’est encore un peu tôt pour que je m’inquiète. Je sais bien qu’il y a des joueurs qui sont touchés ou blessés…

Question : À cause de ces nombreuses blessures, les clubs allemands se sont rapidement faits éliminer des phases à élimination directe en coupe d’Europe. Est-ce que vous voyez cela comme un signal d’alarme ?

Löw : En Ligue des champions, non. Le Bayern aurait très bien pu passer contre le Real. Le Bayern a fait deux très bons matches et a su rivaliser avec le Real. Au plus haut niveau, ce sont des détails et des situations isolées qui décident du sort d’un match. Le Borussia Dortmund a subi cette terrible attaque. Pour moi, ils ont fait une bonne saison. En Ligue Europa, j’aurais aimé que les clubs allemands aillent un peu plus loin dans la compétition. Schalke en avait la possibilité.



La Coupe des confédérations en Russie débute cette semaine : un tournoi intense et des exercices intéressants attendent le sélectionneur Joachim Löw et son équipe d’Allemagne. Dans une interview pour DFB.de, l’entraineur champion du monde de 57 ans nous parle de son effectif encore peu expérimenté, des talents allemands, de la réjouissance de se rendre en Russie mais aborde également, hors du cadre du football, la situation politique du pays hôte de la Coupe du monde 2018.

Question : Joachim Löw, le café est-il bon en Russie ?

Joachim Löw : On va dire qu’il est correct. Je n’ai pas encore eu de mauvaise expérience (rires).

Question : Avez-vous hâte que le Coupe des confédérations commence ?

Löw : Oui, j’ai très hâte même. Nous avons une nouvelle fois une période un peu plus longue durant laquelle la Mannschaft et l’équipe derrière l’équipe sont réunies, c’est une bonne chose. Je trouve la Coupe des confédérations véritablement passionnante pour nous car nous pouvons emmagasiner de l’expérience et des impressions. Déjà avec cet effectif en particulier…

Question : C’est un effectif très jeune, de nombreux champions du monde manquent à l’appel…

Löw : Le plus important, c’est la Coupe du monde 2018 et retenir notre titre mondial. C’est l’idée. L’une des missions qui se trouvent sur notre chemin est la Coupe des confédérations. Mon but est de pouvoir obtenir trois ou quatre, peut-être même cinq joueurs qui auront été mis en conditions durant ce tournoi et la saison prochaine, qui sauront supporter la pression comme nos joueurs affirmés pour jouer le titre en 2018. Nous vouloir faire monter des joueurs à un échelon supérieur. C’est très important pour moi d’y arriver.

Question : Est-ce que cela signifie que votre effectif pour 2018 sera à 80 ou 90 % le même que d’habitude ?

Löw : Non, cela ne veut pas forcément dire ça. Nous avons encore 12 ou 13 champions du monde établis et je sais que nous aurons besoin de leur expérience ainsi que de leur talent. Je pense à des joueurs comme Manuel Neuer, Toni Kroos, Mats Hummels, Jérôme Boateng, Sami Khedira, Thomas Müller, Mesut Özil… Mais le plus important, c’est que nous puissions constamment nous renouveler. On y parvient quand les jeunes joueurs sont bons et qu’ils veulent avoir une chance de se faire leur place au sein de l’équipe. Ceux qui ont déjà beaucoup montré doivent ensuite confirmer leurs qualités. Ces joueurs ont du talent mais ils ont aussi besoin de concurrence afin de faire constamment leurs preuves. Je veux qu’ils soient toujours affamés.

Question : Mais les champions du monde ont de l’avance ?

Löw : Bien sûr. Ceux que j’ai cités jouent toujours au plus haut niveau international, ce sont des éléments moteurs de leurs clubs respectifs et ils m’ont satisfait même après la Coupe du monde. Cependant : nous voulons toujours quelque chose d’attractif, ces joueurs ne doivent pas se contenter de ce qu’ils ont déjà fait. Ils ont besoin de la pression imposée par les jeunes joueurs pour continuer à progresser, pour devenir d’un rien encore meilleurs. À la Coupe du monde, chaque joueur devra aller au bout de ses limites personnelles, peut-être même au-delà. Si ce n’est pas le cas, ce sera dur pour l’équipe.

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Question : La Coupe des confédérations est-elle donc une compétition d’approche ?

Löw : Oui, c’est ce que représente la Coupe des confédérations pour moi, c’est important. Nous avons des joueurs talentueux chez nous, en Bundesliga, dans les clubs – mais ce que voulons vérifier ne se mesure pas qu’à l’échelle de la Bundesliga, l’objectif est de classe mondiale. Ronaldo et Messi. Julian Brandt, Leroy Sané, Joshua Kimmich, Julian Weigl, Leon Goretzka, Serge Gnabry et d’autres joueurs encore – ils ont beaucoup de talent et sont dans les meilleurs dispositions mais ce ne sont pas encore des joueurs de classe mondiale. Ça va venir ! Mais nous avons besoins de joueurs de classe mondiale si nous voulons remporter la Coupe du monde.

Question : C’est pour éviter un coup d’arrêt ?

Löw : Ce que j’ai appris durant l’année, c’est qu’on a besoin de changement si l’on veut continuer à avoir des résultats. Pas un changement abrupt mais sur certaines périodes. Les cycles sur lesquels nous misons tout sont les années où il y a des compétitions à jouer. Tous les deux ans donc. La Coupe des confédérations est donc une étape importante. Nous sommes ensemble pendant quatre semaines et nous aurons peut-être jusqu’à sept matches à jouer si on compte les matches internationaux précédant la compétition. Je peux donc juger des joueurs différemment et voir si l’un ou l’autre a encore besoin de travailler certaines choses.

Question : Est-ce qu’il a été difficile de vous priver de certains joueurs à cause de l’EURO U21 ?

Löw : Ce qui me fait un peu mal, c’est surtout le forfait de Leroy Sané. Il a un potentiel incroyable et une compétition comme celle-ci aurait été bien pour lui – que ce soit avec nous ou avec les U21 d’ailleurs. Il y a des joueurs qui auraient fait du bien aux deux équipes. L’EURO U21 est tout aussi important pour nous et c’est quelque chose que nous surveillons de très près. Lors de cette compétition, les joueurs doivent aussi briller sur la scène internationale, c’est une bonne situation pour eux.

Question : Quels joueurs auront un rôle de leader durant la Coupe des confédérations ? Est-ce que Julian Draxler était le capitaine qui s’imposait comme une évidence ?

Löw : Julian doit évidemment prendre un rôle de leader. Il vient de la génération qui arrive juste après la génération 2010 de Manuel Neuer. Quand ces joueurs-là arrêteront, Draxler pourra toujours jouer en équipe nationale. Son football s’est encore amélioré depuis qu’il joue à Paris, sa personnalité s’est également affirmée. Shkodran Mustafi est un des joueurs qui dans ses jeunes années est déjà bon dans l’organisation de l’équipe, il est très communicatif. Sinon, il va encore falloir attendre un peu pour voir qui des jeunes sera en mesure d’endosser un rôle de leader. C’est quelque chose de passionnant et d’agréable à observer.

Question : Comment percevez-vous à droite, à gauche la situation politique en Russie ?

Löw : Nous échangeons à ce sujet avec notre président Reinhard Grindel qui sera à la tête de notre délégation en Russie. À la DFB, on s’occupe beaucoup de cette situation. Je pense qu’il est très important de saisir cette occasion pour voir également ce qui se passe dans les coulisses d’un pays afin de se faire une idée et de pouvoir faire entendre sa voix dans la mesure du possible. Avant d’arriver en Russie, nous allons préparer l’équipe, comme nous l’avons fait en Afrique du Sud et au Brésil. On ne doit pas oublier que nous sommes des invités en Russie et que nous allons prendre part à une compétition de football. On ne doit pas attendre du football qu’il chasse tous les problèmes et certains inconvénients que la politique n’arrive pas à régler. Cependant, nous garderons les yeux grands ouverts.

Question : À quoi cela ressemble-t-il concrètement ?

Löw : Nous avions déjà abordé les problèmes qui touchaient l’Afrique du Sud et le Brésil avant de nous rendre là-bas. Je vois les choses ainsi : en tant qu’équipe, on nous offre la possibilité d’aller au contact des gens sur le plan sportif. Que ce soit avec les matches ou le reste, le football a une force d’intégration incroyable, le football rassemble. Ce, indépendamment de la couleur de la peau, de l’origine et des idées politiques. C’est notre atout et nous comptons bien l’utiliser. Nos joueurs sont cosmopolites, ils doivent observer le monde et se forger leur propre opinion. Nous devons nous ouvrir à tous les fans de foot dans tous les pays, c’est important pour nous. Je pense aussi que les Russes sont incroyablement réceptifs au football, cela nous rassemble. Cela pourra faire du bien à notre équipe.

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Question : Allez-vous participer aux discours de Reinhard Grindel ?

Löw : Ce n’est pas prévu. Nous avons un programme sportif très serré et la compétition va passer vite. Notre président est d’ailleurs bien plus capable que moi dans ce genre d’exercices et notre manager Oliver Bierhoff est en échange constant avec lui sur le sujet. Mais je pense que l’équipe et la délégation ont un rôle à jouer. Nous voulons montrer les valeurs de notre équipe : l’Allemagne est une équipe qui prône la tolérance et l’ouverture d’esprit et qui se rend avec joie dans n’importe quel pays dans l’idée de comprendre la culture et la mentalité de ses habitants. Nous nous ouvrons à eux. C’est important pour moi.

Question : Est-ce que votre joie est aussi grande qu’en 2016 à l’approche du tournoi, malgré les critiques dirigées à l’encontre de la FIFA et de la Russie ?

Löw : Oui, je me réjouis autant que pour les autres compétitions. Je suis curieux vis-à-vis de la Russie, car j’y ai toujours été très bien accueilli jusqu’à présent. On sent que les Russes traitent les Allemands avec beaucoup de respect. Quand le tournoi débutera, nous n’oublierons pas tout le reste mais nous serons tout de même principalement concentrés sur notre football, sur l’équipe, sur le tournoi et sur nos adversaires. Les jeunes travaillent très dur pour remporter des trophées et sont complètement focalisés sur cet objectif. Il y avait déjà des discussions en Afrique du Sud et au Brésil où des millions de gens avaient manifesté dans les rues un an avant la Coupe du monde. C’est quelque chose que nous avons bien pris en compte et nous avons dû composer avec.

Question : Quel rôle joue la Coupe des confédérations selon vous ?

Löw : Je sais par ma propre expérience que la Coupe des confédérations sert dans un premier temps de préparation test au pays hôte. En 2005, elle a provoqué énormément de choses chez nous, y compris au niveau de l’esprit d’équipe. La Russie est très contente d’accueillir la compétition et la prend très au sérieux. En tant qu’entraineur, je me dois aussi de faire une évaluation : quelle est la contribution des joueurs que je convoque depuis déjà 8 ou 9 ans ? Comment vont-ils faire face à une telle compétition ?

Question : Et donc ?

Löw : Je sais ce que ça veut dire d’être ensemble pendant 7 ou 8 semaines après une dure saison de championnat, comme en 2014 ou en 2016. C’est une charge physique et émotionnelle très importante. Les joueurs reviennent plus tard à l’entraînement et le quotidien du championnat reprend deux ou trois semaines plus tard pour eux. Par conséquent, il y a toujours certains d’entre eux qui se blessent car ils sont ne pas en forme à 100 % et ils doivent traîner cela toute la saison, en perdant toujours un peu plus la forme. Trois compétitions en trois ans, je pense que c’est la limite.

Question : Est-ce que vous vous inquiétez pour des joueurs comme Mario Götze ou Jérôme Boateng ?

Löw : C’est encore un peu tôt pour que je m’inquiète. Je sais bien qu’il y a des joueurs qui sont touchés ou blessés…

Question : À cause de ces nombreuses blessures, les clubs allemands se sont rapidement faits éliminer des phases à élimination directe en coupe d’Europe. Est-ce que vous voyez cela comme un signal d’alarme ?

Löw : En Ligue des champions, non. Le Bayern aurait très bien pu passer contre le Real. Le Bayern a fait deux très bons matches et a su rivaliser avec le Real. Au plus haut niveau, ce sont des détails et des situations isolées qui décident du sort d’un match. Le Borussia Dortmund a subi cette terrible attaque. Pour moi, ils ont fait une bonne saison. En Ligue Europa, j’aurais aimé que les clubs allemands aillent un peu plus loin dans la compétition. Schalke en avait la possibilité.

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Question : Vous arrive-t-il d’être fatigué du foot ?

Löw : Non, enfin peut-être des fois, trois ou quatre semaines après une compétition. Une compétition dure la moitié de l’année pour nous vu toute la préparation qu’elle incombe et souvent avec des discours d’une incroyable intensité. En tant qu’entraîneur, je suis constamment actif. Je ressens la fatigue quelques jours après la fin d’une compétition, peu importe le résultat. C’est comme ça après chaque moment fort. Il y a un relâchement émotionnel et je dis : laissez-moi tranquille pendant deux ou trois semaines, je vais recharger mes batteries et profiter d’autres choses.

Question : C’est difficile à cause du matraquage publicitaire qu’il y a autour du football.

Löw : C’est un jeu dangereux, on ne doit pas faire tourner la roue trop vite. On peut avoir l’impression que certaines personnes exagèrent mais quand on regarde l’organisation de notre emploi du temps, il en va tout autrement. À la fin de chaque saison, les joueurs partent quelques jours en vacances, mais ils ne peuvent pas profiter de vraies vacances car ils ont toujours un programme d’entraînement. Au bout de deux semaines, ils doivent se remettre dans le rythme. Ce n’est pas bon sur la durée. Il y a beaucoup de compétitions, la Coupe du monde des clubs, la Coupe du monde, l’EURO, tout est revu à la hausse. Je pense que quand on a un bon produit et qu’on souhaite le rendre encore plus convoité, il faut le raréfier.

Question : Vous craignez qu’on fasse une overdose ?

Löw : Nous devons rester concrets et ne pas avoir recours à trop de scénarios négatifs, il se trouve que nous aimons tous le football. Mais à un moment, nous devons nous en rendre compte : n’y-a-t-il pas une limite à ne pas franchir ? L’EURO était passionnant mais quand trois équipes sortent d’un groupe, trois sur quatre, je ne trouve plus cela très plaisant. Quand une équipe peut sortir de son groupe avec trois matches nuls, c’est dangereux car les plus petites nations vont se dire : laissez-nous défendre, nous n’avons pas besoin de gagner. Cela tue un peu plus la compétition. Cela a des conséquences sur la qualité du jeu proposé, cela le change. Le jeu ne devrait vivre que par l’offensive, par l’action et pas par la réaction et le retranchement en défense de 10 joueurs.

Question : Ce n’est pas frustrant ? Vivez-vous encore de bons moments sur le banc ?

Löw : Oui car je trouve cela passionnant en tant qu’entraîneur de me frotter à des adversaires qui jouent de façon très défensive. Comme l’Irlande du Nord à l’EURO. Nous n’avons gagné que 1-0 mais nous avons eu 10 énormes occasions de but. Cela me fait plaisir quand notre équipe se trouve dans une situation où elle ne laisse aucune chance à son adversaire. Mais le spectateur, le fan dans le stade ou devant son poste de télévision dira qu’il s’est ennuyé et détourne son attention ailleurs.

Question : Dans cet ordre d’idée, comment estimez-vous les discussions animées sur la commercialisation du football qui ont pu avoir lieu autour de la finale de la coupe d’Allemagne ?

Löw : La finale de la coupe d’Allemagne est un moment fort de la saison, c’est comme un jour férié dans le calendrier du football. Cette journée a aussi le droit de bénéficier d’un certain cadre – jeune, frais, moderne, décoiffant. C’est pour cela que Helene Fischer avait été invitée et cela me fait de la peine qu’elle ait été sifflée. Elle ne le méritait pas. Ce devrait être comme pour les hymnes nationaux, c’est un manque de respect quand on les siffle. La coupe d’Allemagne est une compétition formidable, c’est le titre le plus important d’Allemagne après le championnat. Les clubs perçoivent de grosses primes pendant cette compétition. Il est donc clair qu’il y a certaines choses à accepter.

Question : Au contraire des clubs, c’est la DFB en tant qu’institution qui se trouve sous le feu des critiques. À juste titre ?

Löw : Je pense qu’il y a beaucoup d’injustice dans les critiques à l’encontre de la DFB. Il est clair qu’on ne se fait pas apprécier avec des sanctions de la cour sportive. Mais pour moi, les fumigènes n’ont rien à faire dans un stade de foot, ils sont dangereux et ne sont pas la manière d’exprimer sa fan-attitude. La DFB fait tellement de bonnes choses pour le football, notamment dans les domaines sociaux. C’est dommage d’occulter cela dans les discussions publiques.

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Question : Le football se mord-il la queue lui-même ?

Löw : La mise à contribution des joueurs est incroyablement forte. Je me demande : un joueur peut-il jouer 13 ans au plus haut niveau comme c’était le cas il y a 15/20 ans ou est-ce que Miroslav Klose sera une rare exception ? Est-ce que les joueurs qui ont aujourd’hui 20 ans pourront être encore meilleurs quand ils en auront 30 ou vont-ils baisser en régime à l’approche des 27/28 ans ?

Question : Vous pensez que c’est le cas ?

Löw : Il n’y a pas que les matches. Il y a aussi les courtes pauses, les courtes préparations, les compétitions, les nombreux voyages, les coûts. Je vois déjà des signes d’usure chez certains qui sont encore relativement jeunes.

Question : Vous avez accordé une pause à bon nombre de stars de votre équipe cet été…

Löw : Oui, je veux que nos joueurs qui ont déjà participé à plusieurs compétitions puissent commencer la saison prochaine reposés afin d’être dans la meilleure forme possible l’année prochaine. Cette pause s’impose donc. En Russie, on verra une équipe d’Allemagne jeune et engagée. Nous avons hâte d’y être et nous prenons cela très au sérieux. L’an prochain, vous verrez nos champions du monde qui auront à cœur de recréer l’exploit.

Question : Si vous conservez votre titre de champion du monde en 2018, envisagez-vous de prendre votre retraite ?

Löw : C’est encore très loin comme échéance. Mais je sais que la DFB me fait toujours pleinement confiance. Une compétition est toujours un événement, nous regardons tous ensemble notre progression et les choix qui s’offrent à nous. Ensuite, on se demande : est-ce que ça fonctionne toujours ? Pour moi, en tant qu’entraineur, il est important que j’aie le sentiment de pouvoir tirer quelque chose de l’équipe, de pouvoir encore améliorer quelque chose, d’avoir encore des idées. Cette réflexion ne naît pas d’un résultat en particulier mais d’une situation toute entière.

Question : Est-ce que cette jeune équipe d’Allemagne sélectionnée pour la Coupe des confédérations apporte un vent de fraîcheur au sélectionneur également ?

Löw : Bien sûr. Maintenant, on va voir comment s’établira le collectif sur une si courte période, il nous faut une base. Il faut que nous rodions les automatismes, que nous revenions aux fondamentaux et que les joueurs assimilent notre philosophie. C’est encore une chose que je trouve passionnante.

Question : Est-ce que ce développement est plus important pour vous que de remporter un titre ?

Löw : Les deux comptent beaucoup pour moi. Le développement a toujours été important pour moi, je ne suis pas un entraîneur qui veut travailler en ne s’orientant que sur les résultats. J’aimerais voir que l’équipe progresse footballistiquement, sur le plan du jeu ainsi que dans d’autres domaines. Nous voulons rester dans l’air du temps. Dieu soit loué, l’Allemagne est loin de penser qu’on peut tout perdre quand on court et que l’on se bat. Cela a été vrai à un moment, c’était le cas et ce fut l’une de nos grandes forces. Mais les choses ont changé et nous devons continuer à développer notre football. En attendant, le plaisir du jeu est également une vertu allemande.